Mercredi 25 juillet – Approches historiques et philosophiques de l’animalisme


10h – 12h : « L’architecture des abattoirs du 16e au 19e siècle : l’évolution de notre rapport à la mort animale », par Rémi Bernabei

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« En France, on [omnivores non végétarien-nes ou véganes] aime manger de la viande. Pourtant on n’aime ni le boucher, ni l’animal condamné. Et si la viande pouvait ne ressembler à rien de vivant, c’est un plus. Comment en est-on arrivé là ? D’un animal que l’on côtoie à l’animal que l’on abord, des rues odorantes aux rues aseptisé, de l’architecture monumentales à la bâtisse honteuse ? A travers l’histoire de l’architecture des abattoirs publiques lyonnais entre le 16e et le 19e siècle, je vous propose une réflexion sur l’image des abattoirs. Il sera aussi traité de la relation entre architecture, abatteurs et abattus ; de leurs rapports à la ville et de leurs rapports à nous, contemporain-es de leurs époques ou de la notre. »

Rémi Bernabei est masterant en histoire de l’art, spécialisé dans l’architecture. Ce sont les résultats de ses recherches sur l’architecture des abattoirs qu’il nous expose ici, avec une approche à la fois historique et anthropologique.



14h – 16h : « Philosophie éthique : la personne animale », par Gisèle Souchon

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« Le respect de la personne animale : la question des droits des animaux et de l’éthique animale nous conduit à nous demander sur quoi fonder cette éthique et ces droits. La moralité reposait, selon Rousseau, sur le sentiment de la pitié. Cette dernière, qui relevait de l’identification à l’autre, était considérée par le philosophe comme un sentiment naturel qui venait contre-balancer l’amour de soi et consistait en une « répugnance à voir et à faire souffrir notre semblable ». Le problème concret que pose ce fondement de l’attitude morale sur le sentiment, est évidemment son manque d’universalité. Comment demander à celui qui n’éprouve aucune pitié envers les animaux d’agir moralement vis à vis d’eux ? Et comment imposer un sentiment ?

Une morale plus utilitariste fait alors reposer la moralité sur une réciprocité : ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fît, avec l’arrière pensée qu’autrui pourrait effectivement se venger un jour et nous rendre la monnaie de notre pièce. Or, en ce qui concerne les animaux, malheureusement, les hommes savent bien qu’ils n’ont guère à redouter de vengeance et de révolte de leur part ; ils savent qu’ils peuvent donc impunément les torturer, tuer, exploiter, sans craindre de subir des traitements équivalents.

Mais si on ne peut faire reposer la moralité envers les animaux ni sur le sentiment ni sur un calcul d’intérêt, sur quoi la fonder ? Kant rejette la morale sensible de Rousseau et la morale utilitariste. Il y substitue une morale fondée sur la Raison, c’est-à-dire la capacité à se donner un idéal. Cette faculté étant selon lui universelle, elle peut fonder une éthique commune à tous. Cette éthique est celle du Respect. On ne peut pas imposer aux hommes d’aimer leur prochain, l’amour étant un sentiment, mais de le respecter, le respect consistant en un comportement rationnel. Deux problèmes se posent alors : en premier lieu, Kant ne réserve le respect qu’à la personne humaine. Cependant on verra en étudiant la définition précise qu’il donne du respect et de ses conditions, que s’il ne l’étend pas à l’animal c’est tout simplement parce que sa vision de l’animal ne tient pas compte de la capacité pour celui-ci à poursuivre une fin et un intérêt qui lui sont propres. L’animal, redéfini par la science contemporaine comme être sentient doué de capacités cognitives peut alors tout à fait bénéficier du respect tel que le définit Kant. En second lieu, l’autre problème que nous rencontrerons c’est la mauvaise utilisation de ce terme de « respect » par ceux qui s’en servent pour cautionner une domination et une exploitation de l’animal qu’ils prétendent « respectueuse » de son bien-être. Peut-on « respecter » une personne (humaine ou animale) tout en l’exploitant et en le destinant à notre consommation ? L’utilisation de ce terme de respect par certains éleveurs ou exploiteurs conduit parfois à rejeter le terme même de respect entaché de cette mauvaise utilisation. Nous préférons, pour notre part, revenir au sens originel et philosophique de ce terme et montrer que sa bonne utilisation exclut toute possibilité de tuer, sacrifier, exploiter, réduire en esclavage, l’être qu’on prétend respecter; L’avantage de ce terme, une fois réhabilité et débarrassé de sa mauvaise utilisation, c’est qu’il ne repose pas sur notre sentiment subjectif mais sur la simple raison et peut donc être exigé et appliqué même par ceux qui n’aiment pas les animaux et ne ressentent pour eux aucune pitié ni empathie. Il peut donc permettre de fonder un comportement éthique universel à l’égard des animaux humains et non humains. »

Gisèle Souchon est professeure de philosophie, auteure et militante antispéciste. Elle a réalisé plusieurs conférences sur la question animale au prisme de la philosophie.



16h30 – 18h30 : « Aux origines de l’antispécisme français : échanges avec F. Blanchon »

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Savez-vous qui est F. Blanchon ? Vous aurez peut-être vu apparaître son nom cité par Y. Bonnardel dans son dernier co-ouvrage sur l’antispécisme ; vous aurez peut-être lu l’un de ses articles accessible en ligne, « Au sujet de la « pureté » » ; ou vous aurez peut-être eu le plaisir de discuter avec au cours de vos actions militantes. Mais, peut-être aussi, ne savez-vous tout simplement pas qui c’est.

Pourtant, F. Blanchon est l’une des personnes pionnières du mouvement antispéciste né dans les années 80 en France, a contribué à la naissance et à la rédaction des Cahiers Antispécistes, et n’a jamais cessé de militer pour un antispécisme conscient des oppressions humaines, informé et engagé.

Venez rencontrer Fraka et participer à cet échange autour des origines de l’antispécisme français avec une personne qui les a vécues, qui y a eu un rôle fondateur, et qui a beaucoup de choses à nous en dire ; des discussions passionnantes en perspective…!