Jeudi 26 juillet – Articuler les luttes : réflexions croisées sur les oppressions


10h – 12h : « Communiquer au sein du mouvement animaliste : argumentaire, bienveillance et convergences », par Florence Dellerie – Illustration

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Cette conférence s’adresse à toutes les personnes qui militent pour la justice sociale, que ce soit en faveur de l’antispécisme, de l’anticapitalisme, du féminisme, de l’antiracisme et, plus largement, des droits des opprimé•e•s ; ou à toutes les personnes désireuses de le faire. Elle a pour objectif d’améliorer nos méthodes et notre communication et donc, notre faculté à analyser le monde et à convaincre de la nécessité du changement.

Pour ce faire, elle expose les erreurs de méthode et de communication les plus courantes dans ce type de démarche, que ce soit au sein des discours adressés au grand public ou ceux qui sont adressés aux autres militant•e•s : arguments fallacieux, mensonges, élitisme, agressivité et violence inutiles, absence de prise en compte des autres luttes, manque de bienveillance…

Elle tente ensuite une analyse de ces problèmes et propose des solutions, à l’aide de différents outils : esprit critique, bases de communication non violente, outils de vie en groupe, prise en compte de la convergence des luttes…

Florence Dellerie est autrice et illustratrice scientifique indépendante. Également entomologiste et photographe amatrice, elle travaille dans des domaines d’étude variés : écologie, zoologie, botanique, mycologie, paléontologie… Militante antispéciste et convergente, elle met autant que possible son travail au service des droits des opprimé•e•s, notamment via des articles, des conférences, des stands d’informations ou encore des supports pédagogiques dont elle assure la rédaction, le graphisme et l’illustration.

Certains de ces supports, les « Fiches infos », détaillent une forme d’exploitation des animaux (chasse, corrida, consommation de chair animale, etc.) et ses implications, en proposant des solutions pour s’en affranchir. Son approche se veut pédagogique, fiable, radicale et bienveillante. L’idée est d’utiliser une forme de communication non violente et ludique pour casser les idées reçues et le « prêt-à-penser », et éveiller l’esprit critique.
Page fb Florence Dellerie – Illustration  / Twitter / Blog Médiapart



14h – 15h30 : « Étendre les luttes de libération : la construction de l’empathie », par Adrian Debord

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L’empathie est généralement envisagée sous l’angle de la psychologie, comme un trait de caractère variable selon les personnes, avant tout individuel voire « biologique » – en témoigne la définition du dictionnaire Larousse, « faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui », faisant de l’empathie un phénomène mystérieux et inexplicable, une « intuition » que certain-es auraient (avec un vocabulaire renvoyant à l’expression sexiste « intuition féminine »…), d’autres pas.

Et pourtant. Nombre d’études, en psychologie, neurologie ou sociologie, témoignent de la façon dont l’empathie est quelque chose qui se construit, et n’est pas seulement un phénomène individuel mais aussi un phénomène social. Conditionnée par les normes, représentations et discours d’une société, l’empathie ou plutôt son absence est bien un élément clef dans la mise en place du racisme, du sexisme ou du mépris des personnes pauvres (classisme) institutionnalisés, pour ne citer que ces exemples ; de quelle manière ce conditionnement joue-t-il dans le spécisme également, et comment apprenons-nous à ne pas avoir d’empathie pour les autres animaux ?

Ce sera l’objet de cette conférence, avec comme objectif, à partir de cette réflexion sur l’empathie, de proposer des solutions pour étendre et faire dialoguer les luttes de libération animales et humaines.

Adrian Debord est masterant en sociologie des inégalités et discriminations et militant antispéciste depuis plusieurs années.



16h30 – 18h30 : Discussion : L’accessibilité du véganisme en question

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Véganisme et racisme, par Tao :

« Ça va bientôt faire deux ans que je suis végane, tout va bien je prends ma B12 régulièrement, je ne milite pas activement dans un collectif ou une association antispéciste/végane, mais je m’y intéresse beaucoup car les questions qu’il y a autour de la libération animale, de l’anticapitalisme, du végétalisme/végétarisme sont pour moi centrales dans le système dans lequel nous vivons qui doit être repensé, remis en question et prendre une autre forme de manière urgente. Si je ne milite pas ou ne me rapproche pas d’associations/collectifs véganes ou antispécistes c’est qu’en France à grande échelle, je me retrouve soit avec avec des associations qui font encore des rapprochements entre l’esclavage des noir·e·s et l’exploitation animale, soit des associations qui font des alliances avec des groupes racistes et fascistes qui nous déshumanisent comme la fondation Brigitte Bardot. Au-delà de la déshumanisation que nous subissons, des comparaisons avec le viol ou l’esclavage, la question qui est aussi importante c’est celle de accessibilité au véganisme pour les personnes véganes/vg précaires et racisées, on en manque de groupe qui puissent mieux nous représenter, porter nos paroles, nos revendications et mettre en question la suprématie blanche. »

Véganisme et racisme, par Khélida :

« La lutte antispéciste est unique en son genre puisqu’elle est la seule où les directement concerné.e.s ne se représentent pas et ne peuvent pas exprimer leur auto-détermination. En ce sens l’accessibilité du véganisme est un enjeu crucial dans notre contexte social à la fois de domination masculine et de domination blanche. Parler intersectionnalité est certes en vogue mais qu’en est-il de l’état actuel de nos luttes ?
L’articulation de la blanchité et du privilège qui l’accompagne et du véganisme débouche souvent sur une exclusion des personnes racisées et à une méfiance / accusation accrue à l’égard de ces dernières. Comment l’expliquer et surtout comment dépasser les limites racistes du véganisme ? »

Tao et Khélida sont militant-es antiracistes membres du collectif Des Raciné.e.s


Véganisme et troubles du comportement alimentaire, par Typy Zoberman :

« Véganisme et TCA. Dans notre volonté de rendre l’engagement animaliste séduisant, nous avons tendance à minimiser volontairement certaines des difficultés à attendre. Pourtant, les troubles du comportement alimentaire, largement sous-estimés et largement fantasmés, sont des freins réels à l’adoption d’une alimentation végane, et le climat culpabilisateur entretenu autour de ces questions est un frein à la recherche de solutions, et à l’engagement militant des personnes concernées. »

Typy Zoberman est présidente de Sentience Paris et conférencière pour la cause animale


Véganisme et pauvreté, par les Méduses :

« Le véganisme a la réputation d’un « mode de vie bobo », trop cher, toujours bio, long et compliqué à cuisiner. Il serait ainsi inaccessible aux personnes précaires, aux personnes disposant de peu de temps libre et de ressources, et réservé à une bourgeoisie privilégiée. Nombreuses sont les personnes véganes à s’indigner et à s’opposer à cette représentation, mais nous pouvons également nous interroger : pourquoi cette image ? Le véganisme est-il vraiment si accessible à toustes ? Comment participons-nous à perpétuer ces préjugés ? Et enfin, comment pouvons-nous agir pour que chacun-e, quelle que soit sa situation économique, puisse vraiment se l’approprier ? »

Les Méduses est un collectif Queer Féministe Révolutionnaire agissant dans une approche d’imbrication des luttes.